Nous sommes en passe de terminer la série d’articles consacrés à la comparaison entre des produits originaux Viro pour deux-roues et certaines de leurs imitations disponibles sur le marché.
Comme nous le disions dans les autres billets de cette série, celui qui est le premier à concevoir et à commercialiser un produit à succès est évidemment victime d’imitations.
Montrons donc tout d’abord que le « Blocca catena » Viro est un article de création italienne dont la conception remonte à plus de 30 ans, comme en témoigne la page du catalogue Viro 1984 qui le présenta pour la première fois.
Aujourd’hui, parlons spécifiquement du cadenas « Blocca catena » avec chaîne de 10 mm de section et d’un produit qui, hormis la couleur, semble tout à fait identique. Il y a toutefois des différences. Voyons-les ensemble.
1) La finition de surface.
Comme on vient de le dire, la première différence qui saute à l’œil est la couleur différente des deux produits, et pas seulement celle de la gaine de la chaîne. En effet, le cadenas original Viro a un chromage lisse et brillant, de type « miroir », sur la surface du blindage en acier, tandis que la copie a un effet chromé satiné opaque.
Cette différence pourrait sembler purement esthétique, mais ce n’est pas le cas. De fait, seuls des usinages parfaitement précis et constants des matériaux permettent d’obtenir une finition « miroir ». En revanche, quand on veut « masquer » la variabilité de production et les imperfections des surfaces usinées, ou des matériaux eux-mêmes, il faut recourir au satinage de surface qui atténue le tout.
La preuve supplémentaire que la copie a fait l’objet de traitements chimiques de niveau nettement inférieur par rapport à l’original Viro nous a été fournie par le résultat du test en brouillard salin (un processus de « vieillissement accéléré » qui recrée, dans une machine spéciale, un milieu très chaud, humide et corrosif, où les produits subissent, pour chaque heure de test, l’équivalent d’environ une semaine d’exposition à tous les types d’agents atmosphériques agressifs).
En effet, après 40 heures de test en brouillard salin, soit environ une année de vie en milieu réel soumis aux intempéries, le blindage du cadenas d’imitation est considérablement endommagé et oxydé en plusieurs points, symptôme évident de sa faible résistance à la corrosion due à des traitements chimiques très approximatifs.
Ajoutons à cela, comme on le verra dans une vidéo insérée dans le prochain billet, que le mécanisme intérieur est complètement bloqué par la corrosion et ne peut donc plus être actionné avec la clé.
À l’inverse, le produit Viro original, soumis au même test, conserve un blindage exempt de corrosion (seule la platine anti-perçage montre des signes d’oxydation mais, comme la vidéo du prochain billet le montrera, cela ne compromet aucunement la fonctionnalité du produit).
2) La tête de l’axe de verrouillage.
Dans la copie en notre possession, la tête de l’axe de verrouillage est défectueuse : elle se détache quand on la tire manuellement pour ouvrir l’axe de verrouillage. Hormis cela, qui pourrait être un défaut du seul exemplaire testé, la photo montre que la tête n’est pas fixée par un rivet de taille adéquate pour éviter avec certitude que l’inconvénient constaté se représente, et, facteur beaucoup plus grave, qu’elle n’est pas du tout conçue pour empêcher l’arrachage de l’axe de verrouillage.
De fait, si on essaie de tirer la tête, en la bloquant avec des outils d’effraction, pour arracher l’axe de verrouillage, elle se détache mais laisse en dessous une prise moletée plutôt pratique pour bloquer à nouveau l’axe de verrouillage et l’arracher.
Au contraire, dans le cadenas Viro, les têtes des axes de verrouillage sont conçues avec un point de rupture programmée spécifique. Ainsi, si elles sont soumises à traction avec des outils d’effraction, elles se cassent afin de ne pas créer d’autres points de prise, laissant les axes de verrouillage à leur place et le cadenas fermé.
Comme nous l’avons déjà vu dans toutes les comparaisons précédentes, dans ce cas également, la copie présente une chaîne courante à maillon carré, tandis que la chaîne Viro a des maillons à section semi-carrée qui sont plus difficilement attaquables au moyen de cisailles.Le profil semi-carré est en effet plus difficile à enserrer avec des cisailles, celles-ci ayant généralement des lames adaptées à la coupe de profils ronds ou parfois de profils carrés. De fait, il n’existe pas de cisailles ayant des lames adaptées simultanément aux deux types de profils.
4) La longueur des maillons de la chaîne.
Cette caractéristique est elle aussi commune à toutes les comparaisons effectuées jusqu’à présent.
La chaîne Viro a des maillons très courts, dans lesquels il est plus difficile d’introduire un levier ou une cisaille, et qui sont plus résistants aux tentatives d’élargissement. Par contre, les maillons de la chaîne de la copie sont presque deux fois plus longs et donc plus vulnérables aux attaques portées avec des outils d’effraction.
Il est évident qu’à égalité de longueur, une chaîne comprenant un plus grand nombre de maillons courts a un coût de réalisation plus élevé car sa fabrication nécessite plus de matériau. Mais il est tout aussi évident, pour les raisons exposées plus haut, qu’un maillon court représente un avantage considérable en termes de sécurité.
5) La provenance du produit.
Le « Blocca Catena » Viro est réalisé en Italie, alors que la copie est réalisée en Asie. Un produit Viro Made in Italy offre de bien meilleures performances, une grande fiabilité dans le temps et, facteur à ne pas négliger, l’assurance d’une qualité constante, alors que la qualité des produits bon marché d’importation varie toujours beaucoup selon le lot de production.
Conclusions.
Il ne s’agit là que de 5 caractéristiques que l’on peut observer à l’œil nu.
Dans le prochain billet, nous verrons, à l’aide de photos et de vidéos, que les tests de résistance font ressortir d’autres différences fondamentales.
Comme on l’a déjà dit, nous verrons que la copie a une résistance aux agents atmosphériques beaucoup plus faible que l’original Viro et que sa chaîne, bien qu’ayant la même section de 10 mm que le produit Viro, n’a reçu aucun traitement de cémentation ni de trempe. Elle est donc très tendre et peut être facilement coupée avec une simple scie à métaux. Nous verrons aussi que le produit d’imitation ne résiste pas aux tentatives d’arrachage des axes de verrouillage et s’ouvre, alors que l’original Viro est bien protégé contre de telles attaques.
Regardez les caractéristiques du cadenas « Blocca catena » Viro avec chaîne de 10 mm de section.